Épisode #9 - "Créer comme chez soi, loin de chez soi"

Episode 9 January 16, 2025 00:10:51
Épisode #9 - "Créer comme chez soi, loin de chez soi"
Chroniques d'Ukraine
Épisode #9 - "Créer comme chez soi, loin de chez soi"

Jan 16 2025 | 00:10:51

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Show Notes

Merci à :
 
Benedicte Alliot, directrice générale de la cité internaionale des arts
Natalia Matsenko, curatrice, critique d'arts et conférencière
 
Crédits Musique : 
Daryna Mamai
Danylo Halkin, artiste contemporain
 
Production : Stephanie Masson
Réalisation : Octave Broutard 
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Episode Transcript

[00:00:02] Speaker A: Cette guerre n'est pas une guerre de territoire. C'est une guerre pour l'existence de notre nation. [00:00:09] Speaker B: Je ne sens pas le sol sous mes jambes et mes pieds. [00:00:15] Speaker A: La guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine violente nos équilibres. Toutes les relations européennes se redéfinissent. C'est un profond changement d'époque. Contre l'influence européenne, l'activisme russe utilise les armes de la déstabilisation et de la désinformation. Depuis 1965, au cœur de Paris, la Cité Internationale des Arts est un espace de travail et d'hébergement pour les artistes du monde entier. Un lieu de vie ouvert au dialogue entre les cultures. En partenariat avec 135 organismes français et internationaux, elle accueille chaque mois plus de 300 artistes de toutes disciplines. Fidèle à ses valeurs d'hospitalité, la structure a donc très vite mis en place un soutien d'urgence permettant l'accueil en résidence d'artistes et professionnels de la culture ukrainienne, ou impacté par le conflit en Ukraine. Espace de recherche, de temps et de déplacement, la Cité Internationale des Arts se trouve plus que jamais au cœur du monde. Épisode 9 Chronique d'Ukraine. [00:01:24] Speaker C: Bénédicte Taglio, directrice. [00:01:27] Speaker A: Générale de la Cité Internationale des Arts à Paris. [00:01:29] Speaker C: C'est une grande somme de résidences d'artistes au monde qui est située dans le Marais et à Montmartre à Paris et qui accueille 300 artistes simultanément de toutes pratiques, toutes nationalités et toutes générations. Les artistes viennent pour des durées temporaires. On a des durées aujourd'hui qui vont de résidence de 2 mois à 2 ans, et 2 ans ce sont pour des artistes en situation d'exil. Mais la moyenne pour tous les artistes que nous accueillons chaque année est de 3 mois à 4 mois. Pourquoi ? Parce que, donc non seulement on y tient beaucoup, les artistes viennent sur la base de projets, des projets qui sont reliés à Paris, des projets personnels, mais ils viennent sur des durées déterminées et qui vont souvent aussi être déterminées en raison de l'obligation d'avoir un visa. Et donc on est beaucoup sur des personnes qui viennent sur des visas Schengen. Et le visa Schengen, comme on sait, c'est un visa d'une durée de trois mois. En trois mois, c'est court quand on est à Paris, mais en même temps on peut faire déjà beaucoup beaucoup de choses. On a à cœur d'accueillir des artistes qui, pour certains, n'ont pas besoin de visa, donc peuvent rester plus longtemps. Ils vont rester plusieurs mois, voire six mois. On en a pas mal d'Europe qui viennent six mois. Et nous avons de l'ordre de 200 programmes, donc c'est colossal aussi, qui concernent tant des artistes étrangers, internationaux, que des artistes étrangers vivant en France, que des artistes français. Un adjectif très important qui est international. Nous sommes internationaux et nous sommes très certainement le lieu le plus international, je dirais presque, d'Europe. Natalia Matsenko, curatrice, critique d'art et conférencière ukrainienne. [00:03:27] Speaker B: Qu'Il ne s'agit pas seulement d'un certain nombre de pays, mais aussi des menaces à la démocratie, au choix libre, à la situation écologique sur toute la planète. Et je pense que c'est quelque chose qui me donne de l'espoir. [00:03:50] Speaker C: D'abord, ce qui se passe à la Cité Internationale des Arts, c'est la rencontre de ces artistes entre eux. Et cette rencontre, des fois, elle se fait dans le frottement. Ou elle se fait parce qu'on est là et qu'on voudrait être ailleurs. Ça, c'est peut-être les artistes en situation d'exil qui pourraient en parler beaucoup mieux que moi. Mais on est là parce qu'on n'a pas eu le choix. On est un village dans une capitale internationale, et donc force est de constater que dans ces artistes se côtoient des artistes palestiniens, des artistes israéliens, des artistes russes dissidents, des artistes ukrainiens. des artistes iraniens, des artistes saoudiens. J'en sors là, mais bien d'autres. Il y a des artistes soudanais et puis il y a des artistes émiriens. C'est une richesse infinie d'ouverture au monde et de connaissances au monde, mais très très complexe. Et en fait c'est ça l'hospitalité. L'hospitalité c'est de pouvoir aussi faire place au dissensus mais tout en se côtoyant et tout en éventuellement en parlant. Il faut en parler. Et donc je crois que notre première mission c'est aussi d'être un espace temps de débat. Être un lieu où on n'est pas d'accord et où on va exprimer son désaccord. Je crois que si aujourd'hui on a des artistes des territoires palestiniens qui sont là et qui arrivent à travailler c'est parce qu'ils s'arrivent à exprimer un désaccord et ils arrivent à en parler avec des gens qui ne sont pas d'accord avec eux. Et puis des gens qui sont d'accord avec eux. Et les Ukrainiens et les Russes, c'est la même chose. Enfin, mais à un endroit différent évidemment. Donc on est... on fait attention à ça et je pense que ce qu'il nous faut aujourd'hui, c'est de pouvoir donner et faire place aussi à ces endroits où, pour justement faire fi de la propagande et ne pas laisser place à la propagande, on laisse place à des désaccords. Et les désaccords, ils sont très fructueux. Et les désaccords, c'est là où on les transforme, et on les transforme en travail artistique éventuellement, quand on n'est pas d'accord. Pour les artistes en exil, on a mis en place un programme, mais c'est un programme sur un maximum de deux ans. Un an renouvelable une fois. l'artiste ukrainien Danilo Halkin, qui est dans l'exposition « Déplacements étornants ». Et dans cette exposition, Danilo, il a exposé des vitraux qui viennent d'Ukraine. Et en fait, Danilo, il est là depuis bientôt un an, et Danilo, il a du mal à arriver à Paris. Beaucoup d'artistes en situation d'exil ont du mal à atterrir et il leur faut du temps. On arrive et on commence à se situer, c'est là qu'on commence à être retraversé par des traumatismes, etc. Et Danilo, je crois que pendant longtemps, il a eu plein d'opportunités. C'est un artiste absolument remarquable, extraordinaire. Cette exposition est un rappel remarquable du savoir-faire artisan et artistique ukrainien retravaillé et revu par l'artiste Danilo Halkin. Sur le mur de l'exposition à la Cité internationale des arts, j'ai l'impression que Danilo commence à s'installer et à arriver. [00:07:13] Speaker A: Et maintenant, on visite l'exposition «Déplacements et taurons» à la Cité internationale des arts avec l'artiste Danilo Alkine. [00:07:27] Speaker B: Je suis heureux d'avoir participé à cette exposition, où l'originalité des objets de l'Union soviétique est présentée. Cet oeuvre date certainement des années 60-70, et l'auteur n'est pas connu. Vous pouvez voir une femme jouant avec des fleurs, des fleurs du ciel, quelque chose comme ça. Et pour le moment, le contexte de la propagande dans ces œuvres change certainement la perspective de leur perception. Comme à l'époque, la propagande vous souhaitait un avenir clair et brillant, aujourd'hui, c'est certainement quelque chose de très différent. Ce travail ne s'agit pas seulement de ça, mais aussi de l'héritage culturel que nous perdons tous les jours en raison de la guerre. Et non seulement à cause de la guerre et de l'invasion, mais aussi à cause des gens qui sont conscients de la reconstruction, de la reconstruction à l'intérieur de l'Ukraine et qui sont conscients de l'héritage culturel de la Soviétie en Ukraine, qui la détruisent. La fragilité du travail et de l'héritage ne décrivent pas seulement la fragilité du contexte actuel, mais aussi ma propre fragilité, ma fragilité personnelle. Pour moi personnellement, c'est difficile de dire pourquoi j'ai apparu ici, dans cette exposition ou en Paris, parce que ça s'est passé spontanément dans ma vie, mais je suis très reconnaissant pour la résidence, l'exhibition et tout ce qui s'est passé à ce moment-là. Malgré le fait que j'ai reçu beaucoup d'aide et de soutien des institutions et d'autres choses, je ne ressens pas le sol sous mes jambes. Parce que je ne ressens pas mon pays comme mon pays de maison.

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